Muharrem et sa famille, éleveur dans le Has Albanais

Après avoir pédalé une petite semaine dans les moyennes montagnes d’Albanie, le bourg Krumë me fait l’effet d’une ville. Muharrem est justement en ville, venu vendre une de ses chèvres à un ami boucher. Il nous emmène chez lui à Xhebexhia, je prends la place du passager et ma bicyclette Moute prend la place qu’occupait la carcasse de la chèvre. Muharrem, deux de ses frères et leur famille habitent dans un hameau, au bout d’une piste non goudronnée d’environ 12kms. Avant de reprendre la ferme familiale, il a travaillé 4 ans à LONDRE dans le bâtiment. La grande majorité des jeunes gens, partent en Europe occidentale voir plus loin, afin de réaliser des économies. Une bonne partie d’entre eux ne reviennent pas au pays, et s’installent à l’étranger où à Tirana. Il en résulte qu’il y a moins de 20 ans le village de Xhebexhia était fait de 25 maisons et 70 personnes alors qu’à présent seules 5 maisons sont habitées. Il y a 30 ans les gens avaient du mal à se nourrir ici me dit-il. C’est pourquoi Muharrem, qui à 50 ans aujourd’hui était parti travailler à Londres comme beaucoup de jeunes gens de Krumë. Avec l’argent économisé, il a bâti des étables et ses greniers en brique. Avant que Muharrem construise des bâtiments, les étables étaient faites d’un simple toit de branchages posé à même le sol. Ce sont des Pojat qui ne sont plus utilisés aujourd’hui, que par les familles les plus pauvres.

Anciennes étables, les Pojat
Nouveau bâtiment avec étables en bas et grange en haut.

Cette ferme fait vivre ces 4 frères et leur famille. Muharrem à 4 fils et une fille, le plus grand à 22 ans et travail en Allemagne. Au total, ils possèdent 20 vaches, 110 moutons et 250 chèvres, ce qui fait de sa famille l’un des plus grand élevage de la région. Lui est propriétaire des moutons, un autre des chèvres et chacun ont des vaches. Ils gèrent en commun le bétail avec le renfort des enfants, qui gardent les bêtes autour de la ferme. Les chèvres qu’ils élèvent sont une race rustique de la région, les chèvres rouges du Has. Elles ont la particularité d’être hautes sur pattes, et de pouvoir se nourrir de branches d’arbustes l’hiver. Elles parcourent donc même en pleine hiver, dans la neige dans les paysages d’arbustes. Les quantités de foin a produire pour les nourrir sont donc limitées.

Chèvres rouges du Has

Les bêtes sont élevées pour leur viande. Elles sont abattues à la ferme en fonction des demandes. Les carcasses sont principalement vendues, aux boucheries des villages et villes voisines et à Tirana. Une partie de la viande est fumée pour être expédiée en Angleterre. Nous nous trouvons à côté de la montagne Pashtribuv, qui culmine à 1753 m, la ferme est située à 750 m d’altitude. Les parents de Muharrem ont migré ici après la dé collectivisation des terres, quand le régime communiste est tombé en 1991. Beaucoup de paysans ont alors cherché des terres et celles situées les plus en altitude, étant les moins convoitées ils ont pu s’y installer. Des mares ont été creusé il y a plus de 30 ans, à l’époque communiste, mais elles ne retiennent plus l’eau. Il en a réhabilité une, et devrait en réaliser encore 5, pour subvenir au besoin de ses troupeaux, qui pâturent au niveau des habitations. Les parcours du bétail comprennent donc des zones anciennement cultivées, et des garrigues plus bas en altitude que le corps de ferme. Les prairies sont présentes autours de la ferme, la forêt puis des alpages plus haut sur la montagne.

Anciennes terrasses de cultures

Les zones anciennement cultivées, les plus basses en altitude sont pâturées de la fin de l’automne au début du printemps. Les chèvres y mangent l’extrémité des branches des arbustes. Elles consomment surtout l’arbuste en automne et en hiver, mais elles ne le consomment pas au printemps. Nous partons explorer les pâtures autour du corps de ferme, pour y voir quelques végétaux que consomment ses bêtes. Il n’y a pas de refus de la part des ovins, sur les prairie autour de la ferme, et les jeunes branches des arbustes sont consommés par les chèvres.

Prairies autour du corps de ferme

Une grande diversité de fleurs est présente sur ces prairies, plus de 25 espèces au m². En ce début avril, peu de végétaux sont en fleurs mais Muharrem en nomme quelques-uns. L’Ortie est nommée « Hithra » et est consommée par les bêtes. Il l’utilise pour la confection des burek au fromage également. Les petits muscaris sont nommés « Bulhaz » ce qui signifie boule. Les arbustes sont également nommés, notamment un érable appelé Panje dont les jeunes branches sont consommées par les chèvres. Ce sont les branches des érables qui servent également à couvrir les abris Pojat .

Il me conseille de rester 2 mois pour pouvoir observer les floraisons de ses prairies. Je leur réponds que dans deux mois nous approcherons du Caucas

Pour redescendre Moute prend la place du maïs que Muharrem et son amis vont acheter au Kosovo voisin.


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