Émeline et Elsa éleveuses de Brebis sur Mars.

Dans la douceur de ce soir Méditerranéen, Emmeline et Elsa retrouvent leurs dix brebis après deux semaines d’absence. Elles ont décidé, il y a plus de trois ans, de progressivement élever des brebis en parallèle d’emploi saisonnier, dans leur domaine respectif : la recherche de foncier agricole et la gestion des espaces naturels. Émeline est bergère en été dans les Pyrénées, et transforme le lait en fromage.

Émeline, Elsa et leurs brebis

Bientôt leurs brebis aussi produiront du lait et les amis en feront du fromage pour gagner leur pain. Cette transition douce, leur permet de construire progressivement leur activité agricole en fonction de leur expérience. De plus, elles prennent peu de risques en investissant peu et en gardant un emploi salarié à côté. Pour l’instant, leurs brebis Corse sont encore jeunes et ne produisent pas de lait. Ces ovins d’une race farouche ont été élevées avec tendresse et beaucoup de caresses, ce qui les rend particulièrement dociles. Pendent l’absence de leurs maîtresses, les brebis ont pâturé au milieu d’un verger de pommier. Jusqu’à ce qu’une pluie d’orage ne leur donne l’envie de manger l’écorce des arbres… Demain, Elsa leur changera donc de parc pour une parcelle située en bord de route, près du bourg de Mars.

Les brebis qui ruminent dans l’après-midi

Cette parcelle est occupée principalement par un roncier. Deux ramures de fruitiers qui semblent mort dépassent de cet amas de tiges épineuses. Les fruits des églantiers passent presque inaperçus dans les couleurs éclatantes, révélées par un beau soleil de fin d’hiver. Le long de la Loire ces mêmes fruits étaient clairement visibles et leur pulpe plus charnue qu’ici dans les Cévennes. La ficaire, le lamier pourpre, la véronique à feuilles de perse et quelques Violettes odorantes fleurissent en ce début de mars. J’aperçois également des feuilles de rumex en forme de violon. Il s’agit du Rumex pulcher aux belles granules réticulées.

Inflorescences sèche de Monnaie du Pape

Les Potentielles à 5 feuilles courent entre les touffes graminées qui ressemblent aux bretonnes Houlque laineuse et Dactyle aggloméré. Des hampes florales sèches de Carottes, Nepeta, d’une Boraginacées, de la Monnaie du Pape et d’une Aigremoine persistent au-dessus des végétations en croissance. Les rosettes d’Asteracées, telles que des Crépides, Porcelle et Pissenlit tentent de garder leur place au soleil grâce à leurs puissantes feuilles plaquées au sol. Puis le regard du curieux discerne successivement le Plantain à feuille étroite, la Petite pimprenelle, la Sherardi des champs, l’Origan vulgaire, un Panais, l’Euphorbe helioscopia, une Vesse, une Gesces, la Lampane commune, le Trèfle blanc, le Séneçon vulgaire, un ail, le Laiteron maraicher, une Cardamine, une Setaire, un Géranium, une silene, une laitue, un Galliet moue, le Géranium herbert, un Oxalise européen, une mauve, un stachys, un arum, une Alliaire. Toute cette verdure est encore bien trop brune et peu fleurie pour tenter de les identifier formellement.

Dans cette diversité à peine effleurée, j’interroge Elsa sur la perception qu’elle en a. Elle est très curieuse de ce que mangent les brebis et les observe quand elles pâturent. Elle a remarqué que ses brebis rechignaient à brouter une plante à une saison et s’en gavaient à une autre. Ces brebis Corse sont bien adaptées à leur terrain, car elles peuvent consommer les ronces qui sont très presentes sur leur terre. Durant la belle saison, les bêtes pâturent les forêts de chênes ou de châtaigniers, qui surplombent le col. Elles ont remarqué que les brebis aiment beaucoup brouter l’herbe fine qui abonde sous les châtaigniers. Les bergères ont appris à leurs brebis, à manger les dernières châtaignes présentes après les récoltes. Elles permettraient ainsi de réduire la pression de vers frugivore en consomment les derniers fruits qui pourraient en abriter la génération suivante. Ces ressources de fourrage sylvatique sont d’autant plus précieuses qu’elles recouvrent l’essentiel des terres que loue les filles. Plus bas, les parcelles en herbes sont plus fragmentées.

Interview de Elsa

Nous verrons plus tard en Albanie, que le pâturage des garrigues et forêts est pertinent et précieux pour beaucoup d’éleveurs.


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