Arrivé à Mondovi, je retrouve l’ami Pietro. Sa silhouette est élancée habillée de vêtements colorés et son activité incessante. Après des études d’anthropologie, il a travaillé pour la ville de Mondovi. Ce travail dans l’administration l’a très vite exaspéré, et aujourd’hui il est saisonnier dans les vignes. Au deuxième étage d’un immeuble des cadres de Fiat, l’ancien appartement bourgeois de sa famille est transformé en colocation. Le loyer qu’il demande est le plus bas des environs, et permet à de jeunes gens en difficulté de se loger. Nous passons un weekend en bon jardinier à planter, tailler, sélectionner des graines et plants pour le printemps. Ce matin, nous taillons le pommier du jardin. La méthode ressemble beaucoup à celle employée de l’autre côté des Alpes. Les branches ne sont pas simplement coupées, mais également arquées de manière à générer plus de fleurs, et donc de fruits. Cette technique est bien plus largement employée ici que dans les vergers de pomme de la Loire.

À midi, je découvre la façon dont les Pissenlits sont servis en entrée dans sa famille. La rosette est gardée intacte, coupée juste sous le collet et cuite. Ainsi le pissenlit se mange comme des spaghettis !

L’après-midi, nous échangeons de jeunes arbres contre des graines, sur un marché de printemps. Je suis étonné de découvrir qu’un centre social propose une conférence sur les théories de la décroissance de Serge Latouche. Pour finir cette journée, nous nous rendons à la maison de famille de Pietro. Elle est située dans un lieu enchanteur et majestueux, une vallée nichée au creux des collines de Cuneo. Malheureusement, cette vallée est menacée de se faire noyer pour créer une retenue d’eau agricole.

Ce weekend, Pietro avec l’association MondoQui qui signifie Mondov, ici organise la plantation d’un arbre symbolique. MondoQui a pour objectif de favoriser l’interculturalité en faveur de la paix. Elle gère notamment un café social, dans les locaux de la gare ferroviaire, et a planté une petite « bosca del pace » où « forêt de la paix », en collaboration avec la mosquée du quartier. Voici leur site internet : https://www.mondoqui.it/ C’est donc dans cette forêt de la paix que nous plantons le Kaki de Nagasaki, un arbre symbole de paix et de résistance face à la guerre en Italie. Nous nous retrouvons devant la gare pour étendre le drapeau de la paix, et allons en procession vers la « bosca del patche », pour la plantation du kaki de Nagasaki. Ce plant provient d’un des seules Plaqueminier à avoir résisté, dans un large rayon, à la bombe atomique larguée sur la ville nippone, le 9 août 1945.

Ce drapeau est un symbole de paix pour les partisans de la paix en Italie. Ce drapeau multicolore ressemblent trop à celui du mouvement LGBTQI et dérange certaines instances religieuses. Ce constat entrave malheureusement l’interculturalité voulue par ses membres. Au sein de ce petit bois de la paix, un jeune plant a retenu mon attention, il s’agit de l’abricotier de Briançon Prunus brigantina, qui est un des fruitiers qui pousse le plus haut, entre 1000 et 2000 m dans le Briançonnais. Sa floraison tardive et sa résistance à la sécheresse lui seront peut-être profitable, pour résister à la bombe future, le réchauffement climatique.

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