Sur le marché de Buis-Les-Baronnies, un jeune homme discret semble jouer d’un instrument à branches exubérantes. Il s’appelle Virgile et fabrique des paniers en Osier.

Il a découvert la vannerie via des colocataires qui fabriquaient des paniers en osier, les soirs de lassitude. L’osier lui plaît beaucoup, car il pousse relativement facilement, et est très graphique avec ses branches fines et droites. Depuis 5 ans, il plante donc des rangs de Saules à osier, sur un terrain situé entre la rivière de l’Ouvez, et le canal qui serpente un peu plus haut sur les collines. A mon étonnement, nous ne voyons pas les troncs des Saules en arrivant chez lui. L’explication tient au fait, que de son expérience, les saules produisent des branches plus droites et nombreuses, en étant coupés au ras du sol plutôt qu’à 0,5 ou 1 m de hauteur.

L’inconvénient de cette taille, est la sensibilité à la concurrence des jeunes arbres, face aux herbes spontanées. Virgile décrit quelques herbes spontanées qui lui posent problème dans ses cultures de Saules. Une graminée est particulièrement problématique, car elle forme des touffes compactes, et de grande taille qui étouffent les saules. Il s’agit d’une sorte de Chiendent du genre Elymus. Cette graminée pousse aussi bien dans les jeunes que dans les anciennes plantations. Virgile extirpe ces touffes à la pioche pour tenter de les réguler. Plusieurs chardons gênent également la croissance de ces saules. Nous ne pouvons pas les voir cet hiver. Il les enlève systématiquement, pour ne pas être submergé par leurs tiges épineuses. Un grand Séneçon prend beaucoup de place, et se répand rapidement en été. Il pousse dans les endroits les plus secs. Ses hampes florales se confondent avec les tiges de Saule, car il pousse à leurs pieds, et ont des tiges longues et droites, comme les branches des Saules. Dès que Virgile travaille la terre, une prêle se développe mais ne lui pose pas de réelle difficulté. Les autres plantes qui entravent la croissance des Saules, tels que de grands Rumex et une Renoncule, sont relativement faciles à désherber. D’autre Graminées, que sont les Sétaires, croissent également abondamment mais ne posent pas de problème, car elles arrivent en fin de saison après la croissance des Saules. Nous verrons plus tard, que ce genre de Graminées pose des difficultés dans d’autres cultures. A l’automne, seule une clématite qui grimpe dans le saule, et dont la sève est urticante est remarquée par Virgile.

Il n’aime pas voir des mousses se développer sur le sol, car elles sont symptomatiques d’un manque d’oxygène dans un sol tassé. Un sol sans oxygène ne peut être favorable à la vie nécessaire à la minéralisation de la matière organique du sol, qui nourrit les végétaux. Ces sols tassés sont souvent le résultat du passage de Sangliers dont il se défend par des clôtures.
Nous n’avons évoqué que quelques plantes spontanées, qui concurrencent les jeunes Saules. En réalité, la plupart des herbes sont plutôt neutres voir bénéfiques pour Virgile. Ainsi, il voit d’un bon œil le développement des Plantain et Trèfle, qui peuvent être tondus entre les rangées de Saule. Il consomme quelques autres plantes en salade, telles que la Mauve des bois ou le Pissenlit, dont il mange les jeunes feuilles. Ce désherbage manuel devrait être de moins en moins nécessaire à l’avenir, avec la croissance des arbres. Au bout de 4 à 5 ans, les premières plantations seront assez vigoureuses, pour ne plus souffrir de la concurrence des herbes spontanées. La plupart des Saules plantés sont des variétés de Saules à trois étamines (Salix triandra), car leur bois est souple, bien dur et il pousse très droit. De plus, il est possible d’enlever son écorce pour obtenir des tiges bien blanches qui sont recherchées en vannerie. Le Saule doré, (Salix alba vitalina) produit des branches jaunes et droites, qui sont très molles. Cette espèce convient bien pour le remplissage des paniers, entre une structure faite d’espèces aux branches plus dures. Les meilleurs variétés d’Osiers proviennent du Saule pourpre (Salix purpurea), et d’un hybride entre le saule pourpre et le Saule faux-daphné (Salix daphnoides), que les vanneurs appellent Saul x daphnoïdes. Quelques arbustes se détachent sur cette parcelle, qui comporte finalement peu d’arbres. Ceux sont des pêchers francs, issus de noyaux qui n’ont jamais été transplantés, ce qui leur donne beaucoup de vigueur. Virgile confirme que ces arbres ne sont pas atteints par la cloque comme les variétés greffées.

Jusqu’à l’année dernière, ces plantations étaient irriguées via un canal, dont l’eau était payée par un abonnement à l’année. En 2023, ce système change pour un réseau sous pression, qui sera facturé au volume réel d’eau consommée. Selon leur promoteur, ces nouveaux réseaux d’irrigation permettraient d’économiser de l’eau, en réduisant les fuites et en contrôlant la quantité consommée.
Nous rencontrerons peu après, d’autres agriculteurs qui connaissent ce même changement de distribution de l’eau.
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